mercredi 30 septembre 2015

Seul le silence de R.J. Ellory


Résumé 

Joseph a douze ans lorsqu'il découvre dans son village de Géorgie le corps d'une fillette assassinée. Une des premières victimes d'une longue série de crimes. Des années plus tard, alors que l'affaire semble enfin élucidée, Joseph s'installe à New York. Mais, de nouveau, les meurtres d'enfants se multiplient... Pour exorciser ses démons, Joseph part à la recherche de ce tueur qui le hante. Avec ce récit crépusculaire à la noirceur absolue, R. J. Ellory évoque autant William Styron que Truman Capote, par la puissance de son écriture et la complexité des émotions qu'il met en jeu.



______________________________________________

Ma note : 9/10 - Coup de Coeur
______________________________________________

Mon avis 

J'ai sorti ce roman qui prenait largement la poussière dans ma PAL depuis bien un an, grâce à Léa Touch Book, une bloggeuse que j'apprécie beaucoup autant par ses avis que par elle même et en ce mois de septembre elle a crée un événement auquel je me suis joins avec plaisir : Le mois R.(ead) J.(ust) Ellory
Vous pourrez y trouver une interview de l'auteur, son portrait chinois, un concours pour gagner ses livres et pleins d'autres petites choses, en clair, elle n'a pas fait les choses à moitié !


Je dois avouer que je n'ai pas eu le courage ou l'envie de réecrire cette chronique, elle sera différente de d'habitude, peut être moins argumentatif, c'est plus une balade entre ces pages que je vous offre et j'espère que malgré cela vous aurez envie de découvrir ce roman qui m'a touché et m'a transporté, bien que je ne l'aurais imaginé !

On rencontre Joseph, un jeune garçon qui va perdre son père, un petit garçon endeuillé qui va découvrir qu'il a l'âme d'un écrivain, qu'il a l'envie d'écrire et qui va devoir survivre a beaucoup de choses, beaucoup trop si vous voulez mon avis. Sa petite vie aurait pu être bercé de douceur mais un tueur sévit dans la région, il tue des petites filles, les viole, puis les découpe avant de les laisser pourrir sur la terre de Géorgie. Tout aurait pu passer et s'arrêter là, mais Joseph découvrira un des corps et lorsqu'on a douze ans et qu'on assiste à une telle scène, comment peut on rester un enfant ? Joseph nous décrira donc sa vie depuis ses 8ans jusqu'à la fin, en entrecoupant son récit de passage énigmatique du présent, où il semble avoir trouvé le meurtrier. 

Au fond ce roman est un voyage doux amer, je l'imagine comme un road trip au milieu du désert, un esprit d'aventure qui nous tient éveillé mais un paysage qui ne change que trop peu.
Imaginez le vent dans vos cheveux, le cri des coyotes perdus et la langueur qui vous étreint face à l'ennui et à l'excitation qui couve parce que le bout du chemin apparaîtra bientôt.

Seul le silence c'est ça. Un roman très lent, qui nous fait suivre un jeune homme qui tout comme nous, ne sait pas vraiment où il va, il connaît seulement la destination, ce moment qu'il nous raconte en italique, cette fin qui nous prend aux tripes et nous appelle. Et malgré la lenteur du voyage, on se délecte de chaque mot, de chaque minute, on souffle d'impatience mais en même temps on ne peut s'empêcher de lire chaque phrase en cherchant le sous entendu qui nous livrera la réponse avant tout le monde.

Je vous dirais presque que ce roman est plus un contemporain qu'un thriller mais ce ne serait qu'à moitié vrai. Parce que les meurtres et le sang pullulent dans ce livre, mais en même temps, j'ai eu l'impression que la quête de ce meurtrier n'était qu'une excuse pour nous livrer la quête personnelle, sa quête de lui-même, du narrateur. C'était comme-ci, à travers ces meurtres, il trouvait les mots pour comprendre qui il était et ce que ça avait changé chez lui de découvrir qu'une telle horreur existait, si tôt dans sa vie et si loin du monde, dans une si petite ville.
Ce roman a quelque chose de poétique, quelque chose de grand, que je n'ai peut être pas réussi à saisir en son entier.

J'avoue avoir été un peu dérouté par le nombre d'information annexe que nous livre l'auteur. En effet le livre se déroule pendant la seconde guerre mondiale, de ce fait, on a beaucoup d'informations sur la guerre, sur les camps, sur la manière dont été traité les juifs, sur l’enrôlement des américains, sur le manque de ressources sur leur propre sol dû à la lutte en Europe et tout ceci documente parfaitement le contexte de l'histoire, mais en même temps tout cela le rend trop complet, trop dur à avaler d'un coup, je me suis surprise à sauter certaines passages qui me semblait peu important pour l'histoire de Joseph ou des meurtres, j'ai laissé de côté la guerre tout en gardant à l'esprit le contexte, mais je me sentais surpassée, noyée, sous toute cette masse d'information complémentaire qui ne me semblait pas indispensable. 

Il y a un certains nombre de détails sur la vie de Joseph, sur la vie à Augusta Falls qui nous permettent de bien cerner le personnage, de bien comprendre le climat qui règne, la peur, les rumeurs, les injustices, on se sent oppressé comme seul les petites villes peuvent le faire. J'ai eu tellement de compassion pour Joseph, pour cet écrivain qui essayait simplement de survivre à ce que la vie lui avait infligé, à vivre avec sa culpabilité et sa famille en miette, mais qui a du subir tout ce qu'une ville pensait de lui, le fait qu'une ville entière cherchait un coupable et que l'homme seul qui se laissait aller était tout désigné. On sentait tellement cette, ou plutôt, sa rage de devoir se comporter comme tout le monde pour être accepter, devoir subir l'incapacité des gens à s'adapter aux autres, on était en colère avec lui, devant tant d'esprits obtus...  Ces jugements à l'emporte-pièce ça me fatigue tellement, alors les voir détruire un homme déjà à terre, ça me met dans une telle colère...
Et cette rage vous suivra du début à la fin de ce roman, cette colère contre un système, contre un pays, contre une ville, contre tout et toute personnes qui se dressera face à Joseph avec tant d'injustice. Je ne sais pas si ce n'est que moi, si chacun d'entre vous le ressentira, mais je peux vous dire que j'ai brûlé de rage pendant de nombreuses pages, que j'aurais pu hurler à l'injustice des jours entiers, c'était tellement affreux, tellement incompréhensible qu'une telle vie puisse être gâché de cette manière...

Je n'ai pas pu m'empêcher de me demander pourquoi Ellory faisait subir tout ça à Joseph, c'est comme ci, il ne pouvait lui arriver que le pire, j'ai encore cette boule au ventre qui a duré tout le roman, cette boule qui me demandait : Que va t il devoir subir d'autre ? Joseph a tout perdu, Joseph va tout perdre petit à petit et à chaque fois, on ne peut s’empêcher de dire "C'est juste la vie". Pourtant j'ai la nette impression qu'Ellory en voulait à son personnage, il a détruit sa vie petit à petit, l'a fait se relever à chaque épreuve pour le faire tomber plus bas encore quelques chapitre plus tard. Il l'a torturé mais de manière douce, d'une manière ordinaire, comme s'il était Dieu, comme s'il avait décidé qu'il était temps pour Joseph de réussir toutes les épreuves possibles pour mériter de vivre.
Malgré cela, j'ai trouvé que Joseph était un personnage simple, pas dans le sens où il était incomplet, simplement il pourrait être n'importe qui, il pourrait même être nous. On se sent tellement proche de lui, de ses déboires, de ses doutes, de ses envies, que petit à petit on a l'impression de le connaître intimement, de l'aimer comme un frère et de vouloir plus que tout au monde le protéger de la prochaine tuile qui lui tombera dessus. Joseph est un personnage que j'ai beaucoup aimé, un personnage réfléchi qui est tellement humain qu'on se demande parfois si lui, n'a pas mieux compris la vie que nous. Il m'a ému, dans ses réflexions, dans ses écrits et dans ses larmes, je sais que Joseph sera un personnage qui me hantera encore longtemps. 

Je ne vous dirai pas ce que renferme la fin de ce livre, je ne vous dirai pas non plus si elle est étonnante ou non. Je vous dirais simplement que comme je vous le disais au début, vous arrivez au dernière page avec l'excitation du but qui approche et la peur d'être déçu, la peur inexplicable que ça ne suffise pas, que tout l'intérêt était dans le voyage et que vous n'avez su en profiter assez. 
Je pense sincèrement que la fin n'a pas grande importance, je pense sincèrement que le plus beau, le plus fort c'était ce road trip doux amer, cette profusion de sentiment contradictoire que l'on éprouve, c'était le vent dans vos cheveux qui soufflait si fort que vous n'entendiez rien d'autre que les mots sur le papier. 

En bref, Seul le Silence, c'est simplement ça, une histoire furieuse et enragée qui demande justice pour un personnage tourmenté et si injustement privé de bonheur. Seul le Silence, c'est l'histoire de Joseph, cette histoire qui vous fait plonger dans une autre époque, un autre monde, tellement sombre et rempli d'émotion que vous n'entendrez plus rien de votre vie. Vous n'entendrez plus que sa voix qui vous raconte ce qu'a été sa vie et comment ces meurtres finissent, dans le silence le plus total. 
Je me suis totalement attachée au personnage de Joseph, à tel point, que pour moi, connaître l'identité du meurtrier était devenu secondaire, je voulais le découvrir pour comprendre qui lui avait infligé tout ça, pour comprendre pourquoi il avait tant souffert et peut être voir sous un autre jour tout ce récit, mais en même temps... Le voyage, la vie de Joseph m'avait suffit. 
Alors malgré les longueurs et les petits détails, ce livre a été pour moi, un coup de coeur, parce que je sais que Joseph me hantera. 

Citation :
"Tout le monde a un livre en soi, continua-t-elle. Certaines personnes en ont deux ou vingt ou trente. La plupart des gens le savent mais il ne peuvent pas y faire grand-chose. Toi, tu le peux et donc tu devrais le faire. Si tu ne veux pas avoir de regrets, le genre de regrets qui te harcèleront jusqu'à la fin de ta vie."

4 commentaires:

  1. Réponses
    1. J'espère qu'il te plaira si tu le trouves, parce qu'il me hantera vraiment un bon moment !

      Supprimer
  2. Merci beaucoup pour cette magnifique chronique et ta participation au challenge et à ce mois :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Derien, c'était vraiment une fabuleuse découverte que je n'aurais surement pas sorti de ma PAL sans ton challenge, donc merci à toi aussi ! <3

      Supprimer